Imperfection

 

Le ciel est d’un bleu éclatant et le soleil d’un blanc aveuglant. Les couleurs sont saturées et piquent les yeux. Autour de moi, il y a de l’herbe. Encore et toujours de l’herbe avec un fin chemin de terre. Aucune trace de civilisation, de maisons, d’attaches avec la société actuelle. Simplement de la verdure qui se balance au gré du vent et un grand arbre, planté au hasard dans cette mer verte. C’est un chêne; l’ombre qu’il projette au sol est gigantesque. Je me redresse et constate que je suis habillé d’une petite robe blanche à pois jaune, douce et courte avec aux pieds des sandales en cuir, blanches également. Je suis seule. Je ne me suis jamais sentie aussi bien entourée.

Je me sens légère. Si je saute, j’ai la certitude que je pourrai voler. Malgré le soleil qui tape et l’absence de nuage, je n’ai pas chaud. Lorsque le vent se lève, je n’ai pas froid. La brise fait flotter le tissu de ma robe et virevolter mes cheveux dans mon dos sans qu’aucune mèche ne viennent se déposer sur mon visage. Je cours le long du chemin de terre, mais je n’ai pas l’impression d’avancer. Un bracelet en perles à mon poignet droit émet un cliquetis chaque fois que je fais un mouvement.

Je finis par m’allonger sur le dos, les bras écartés. Je ne sais pas quel est cet endroit mais j’y suis. Le temps ne s’écoule pas normalement. Je pourrai être là depuis quinze minutes tout comme trois heures mais rien ne m’indique que les secondes défilent. Tout est au ralenti; c’est une bulle dans l’espace-temps. Une bulle un peu trop parfaite. Il n’y a aucun bruit, la grandeur du chêne le rend menaçant. Toute cette sérénité n’est qu’illusion. La perfection n’existe pas.



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