Road trip / Douceurs espagnoles

 

Road trip

    C’était un 1er janvier. On avait fêté la veille avec modération, car il fallait être en forme pour le voyage. Mon frère et moi sommes partis de Québec avec ma petite voiture, direction l’Ontario pour un road trip d’une semaine environ, dont la destination finale serait les Chutes du Niagara.

    Après être allés découvrir Ottawa et Toronto, direction les Chutes! Quelle ne fut pas notre surprise de découvrir un site plus touristique que jamais. Peut-être qu’on était naïfs ou mal renseignés, mais on avait plutôt imaginé des chutes immenses, en pleine nature, entourées de végétation luxuriante et de sérénité.

    Jamais on n’aurait imaginé ce qui nous attendait réellement : un immense hôtel avec casino, des rues envahies d’attractions de fête foraine, des odeurs de friture et surtout, le bruit. La masse humaine et tous ces stimuli inattendus et désagréables nous ont tellement assaillis qu’on a à peine réussi à profiter de la beauté des chutes elles-mêmes, celles qu’on avait si hâte d’admirer.

    Un peu déboussolés, nous avons repris la voiture et sommes allés visiter le petit village de Niagara-on-the-Lake. Le contraste était flagrant, un véritable petit bijou, paisible et mignon. Mais surtout, incroyablement calme. Nous sommes entrés dans un café tout décoré pour les Fêtes et avons dégusté une délicieuse boisson chaude au pain d’épices auprès de la chaleur d’une cheminée, pour nous remettre de nos émotions.


 

Douceurs espagnoles

    Chaque été, depuis que je suis née, nous allions en famille pendant trois semaines dans notre petite maison de vacances à Mataro, dans l’est de l’Espagne. Le reste de l’année, mes parents louaient l’endroit à la famille ou à des connaissances et amis. Nous passions nos vacances espagnoles à la plage ou à faire des randonnées à vélo. Je peux encore sentir le sable fin et chaud sous mes orteils, les odeurs de churros et de paëlla qui emplissaient les rues déjà tôt le matin.

    La maison n’était qu’à environ cinq cent mètres de la plage et mon frère, ma sœur et moi connaissions le chemin par cœur. Il y avait le petit magasin où ma sœur et moi allions souvent nous acheter un sac de bonbons avec notre argent de poche. On était persuadées que c’était un secret mais mes parents le savaient, bien évidemment. Ils faisaient comme si de rien était, pour nous laisser le plaisir de savourer nos sucreries en cachette, ce qui en décuplait les saveurs.

    Un jour, mon frère a découvert nos cachoteries. Fâché, il a décidé d’aller lui aussi s’acheter des bonbons. Sauf qu’il n’avait pas d’argent sur lui. Arrivé à la caisse avec son sachet plein à craquer, il s’est rendu compte de son erreur et a fondu en larmes. Il pleurait si fort que la vendeuse s’est sentie perdue devant ce petit homme d’à peine dix ans, secoué par la honte et les sanglots. Après lui avoir expliqué dans un français approximatif de ne plus recommencer, elle l’a laissé partir avec son butin.

    Une fois l’embarras dissipé, mon frère était maintenant fier de son « méfait ». Il s’en est vanté à mes parents, qui sont immédiatement allés payer la gentille dame de la boutique, avec toutes les excuses du monde. Depuis ce jour, à chaque fois que ma sœur et moi allions sustenter notre envie de bonbons, on proposait à mon frère de nous accompagner. Il n’a jamais voulu, disant qu’il les trouvait « vraiment dégoûtants ».

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