Sammy

Ma conscience s’éveille. Je médite, étendu dans l’herbe coupée. Une petite boule dure accable mon dos. Une brise fraîche oriente un parfum fruité à mes narines, une odeur stagnante de décomposition sucrée. La brillance d’un ciel bleu et les rayons horizontaux d’un soleil couchant percent un feuillage pour pénétrer mes paupières closes et inonder de clarté l’obscurité de mes yeux. Une douce voix sensuelle murmure à mes oreilles par-dessus le chant des oiseaux.

Je sais où je me situe.

Quelques cerises jonchent et putréfient le pied des arbres alignés en plusieurs longues rangées de cerisiers cueillis. Autour, l’herbe est tapissée de matelas de yoga sur lesquels se couchent en shavasana des amis et collègues. Deux étés me suis-je retrouvé en ce lieu précis. Le sentiment distinct qui m’habite confirme que c’est le premier.

Devant moi, un être exceptionnel guide la classe de yoga. Des leggings à motifs moulent ses hanches courbes et ses fesses. Avant de me réveiller, je fantasmais à son corps nu et ses caresses. Je ressens un extrême bonheur d’être en présence de cette âme éblouissante qui me fera un jour découvrir l’amour sous toutes ses formes – l’amour-attachement, l’amour intime, l’amour passionnel, l’amour-amitié, l’amour de soi, de son cœur, de son corps, l’amour sexuel, l’amour d’une caresse, d’un câlin, d’un baiser –, que j’aimerai, que j’estimerai tant, une amie précieuse. Une douce femme parfaite.

Son accent australien me fait rêver d’un futur où s’uniront passionnément nos sexes et les braises de nos corps enflammés, un futur connaissant tous les amours.

Je me sens anormalement paisible. Un sentiment de bien-être m’envahit.

Où le temps fuit si pressamment, la légèreté de mon âme s’est aussi envolée.

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