En transit // En attente

 


En transit

          Nous étions tannés du froid des montagnes de Cusco, le but d’aller au Pérou n’était pas de se les geler rendu là-bas, consensus que Pénélope et moi avons fait à la suite d’une semaine à grelotter dans nos draps. On avait entendu parler de Màncora, une ville équatoriale sur la côte, tropicale, où il est facile de camper sans payer. Plusieurs à l’auberge parlaient d’y aller. La route ne se faisait pas d’un seul trait. En premier, il fallait faire 28 heures dans un bus, qui se rendait à la capitale. Après avoir traversé les Andes en passant par des chemins sinueux, qui longent des falaises le haut des montagnes, nous sommes arrivés au terminal de Lima. Josepe, un Argentin qui vivait à la même auberge que nous à Cusco, allait également à Màncora. Nous étions maintenant un trio, en plus il fumait des clopes et Pénélope ne voulait jamais que j’en fume. Le lendemain matin, après 25 heures de bus, nous arrivions à Piura, une municipalité à 200 kilomètres de Màncora, pour ensuite aller faire du pouce jusqu’à notre destination. Les gens étaient mécontents de voir des blancs faire du pouce. Avec des coups de klaxon à tous les deux minutes, les péruviens nous criaient après, un camionneur nous a même tiré de la monnaie dessus. Une chance qu’un monsieur nous a embarqués dans son VUS. Il écoutait du Beethoven, qui nous a endormis. Le réveil s’est fait au milieu du désert, nous avion à débarquer. Le soleil baissait à l’horizon d’un paysage digne du film Mad Max. Des tours de forage pompaient du pétrole au loin, nos sacs à dos étaient déposés sur l’oléoduc longeant la route et, de l’autre côté de la chaussée, une mince cheminée crachait occasionnellement des flammes. Le soleil était bas, nous avions besoin d’un sauveur avant que la nuit tombe. Un 18-roues s’est arrêté et nous a proposé d’embarquer sur la remorque, un rêve de petit gars se réalisait. Nous avons traversé le désert pétrolier en écoutant la réconfortante mélodie des tuyaux d’échappement du camion. Nous arrivions à la plage de Màncora, devant un ciel mauve, après avoir trois jours sur la route, à traverser le Pérou. 


 En attendant 

          Le son des feuilles mortes sur la gravel. Nous étions supposés être silencieux pour la chasse, mais c’était impossible, peu importe le niveau de délicatesse que nous avions dans nos pas, écraser des feuilles mortes par terre faisait un véritable vacarme. La chasse à Matane c’était bizarre, nous croisions plein de gens avec un fusil dans les mains, ils semblaient le déposer seulement lorsqu’ils s’ouvraient une autre bière. L’automne en ville était beau avec toutes ses couleurs, mais à Matane, il était rendu bien laid avec sa carence de feuilles vivantes. Après 45 minutes de char, on se stationnait dans une ancienne carrière de sable juste à côté de la trail, là où il y avait un pick-up à moitié englouti par le fossé. Le monsieur dans le pick-up avait l’air vraiment saoul. On s’est pratiqués à tirer du douze dans les mottes de sable, loin du gars qui essayait de sortir son truck. J’avais froid, mal à l’épaule et aux tympans à force de tirer du gun dans le parking. Il fallait marcher dans un sentier où il y avait suffisamment de gravel pour attirer les perdrix, Plamondon disait qu’elles aiment le sable et la garnotte. Une chance que je m’étais apporté de la Labatt 50 pour passer le temps. Plus on avançait dans le bois, plus je trouvais que c’était une mauvaise idée. C’était plate. Les perdrix ne se présentaient pas et les panneaux affichaient qu’on était déjà au kilomètre six du chemin. De toute façon, on venait de tirer du gun dans des mottes de sables, les coups de feu étaient tellement forts et violents. C’était impossible qu’un moindre oiseau se montre le bec, ils étaient surement morts juste à entendre le son. C’est quand Plamondon m’a parlé d’une cache que je savais ce que je m’en allais faire. Sortir un peu de champignons de mon sac, en grignoter et attendre dans à mon spot jusqu’à tant que quelque chose de plaisant arrive.

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