Lettre à Ilhan Çomak - exercice 8

 

 

 

À monsieur Ilhan Çomak et son petit garçon 

Bonjour,

            Jusqu’à ce jour votre histoire m’était inconnue et m’a profondément choquée. Elle me rappelle malheureusement celle de Nelson Mandela.

            Un jour, les créatures à la langue de flamme, les monstres, les trolls ont pris corps, chair et sang. Ils vous ont battu, affamé, torturé et enfermé. Monsieur Ilhan, comme un preux chevalier vous avez réussi à protéger votre enfant. Quels combats avez-vous livrés pour le cacher des forces du mal qui rôdaient jours et nuits, qui espéraient le surprendre ou même le tuer? Je ne peux ou ne veux imaginer toutes vos souffrances parce que je pourrais perdre foi en l’humanité et que j’ai, moi aussi, un enfant à protéger.

            Vous avez réussi à trouver un cheval qui l’a transporté dans un endroit secret, une île où il peut circuler librement, regarder le ciel, admirer la forêt, se baigner dans la mer. Il se nourrit de dattes, de goyaves, de noisettes et déguster de la gelée royale. Une place pure où les mots souffrants ont disparu de toutes les pages du dictionnaire.

            Un oiseau s’est arrêté pour boire et manger. Vous lui avez tendu des grains et pour vous remercier il a entamé une mélodie. À la manière du Petit Prince et de son mouton dans le livre de St-Exupéry, vous vous être apprivoisés. Un jour, il vous a permis de lui caresser la tête et d’insérer dans son plumage, tous vos mots tendres et beaux. Ils accompagnent maintenant tous ses chants. Cet oiseau majestueux possède des pouvoirs d’invincibilité et d’éternité.

            La fin de semaine dernière, à ma grande surprise, il est venu me visiter. Dans un battement d’ailes, il a libéré une fine poudre bleue et verte que le vent a soufflée sur ma peau. Je l’ai transportée partout dans la maison et le jardin. On pouvait suivre mes pas à la trace. Mes mains ont depuis ce jour, des taches iridescentes qui reflète la beauté du lapis- lazuli et de l’émeraude. Ces couleurs deviennent phosphorescentes à la tombée de la nuit, elles infiltrent mes rêves et teintent mon imaginaire. Chaque fois que je caresse un animal ou prends la main de quelqu’un, un peu de poudre se libère et laisse un léger film de vos couleurs. C’est ce que j’appelle un petit miracle.

            Depuis la lecture de vos textes poétiques, je reste suspendue à ma fenêtre. J’espère revoir cet oiseau se poser au Québec, portant sur son dos deux passagers libres de nous apporter dans le prochain Salon du livre, tous leurs recueils de poésie.

            Dans l’espoir de vous rencontrer un jour, en tout humilité, merci.

Anne

 

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