Lettre à vous autres, amis d'écriture


Lettre à vous autres, écrivains emmurés dans le silence, brodés de fils censure, cousus, de la tête aux pieds, pour avoir trop dit, trop tapé, trop hurlé. Lettre à vous autres, collègues d’encre, amis aux mains tachées par des mots injustement méprisés. Lettre à vous autres, créateurs enchaînés, victimes de vos pulsions, créateurs latents, créations prison. Pris de vos mots, en cage fermée, l’écriture n’est-elle pas synonyme de liberté? Vous voilà emprisonnés, amis auteurs, vous voilà confinés bien loin du plaisir papier. 

Je vous pleure, mais surtout je vous hurle


J’utilise tout ce que j’ai d’immunité pour pouvoir vous crier.  

 

Nous, écrivains, sommes instinctifs. Nous sommes voués à écrire sans nous en apercevoir trop. Nous ne contrôlons pas les griffonnages qui mènent aux mots. Nous sommes ainsi, victimes de nos envies. Incapables de confiner le désir inassouvi d’un texte mémoire qui flotte et qui attend d’être écrit. Nous écrivons tellement. Nous le faisons naturellement. Pourquoi devrions-nous surveiller ce qu’on dit? La liberté n’est-elle pas ainsi? Vorace, sauvage, impossible à oublier, impossible d’y résister.  

 

Vous autres, compositeurs à l’indépendance brimée, nous rendez fiers. Vous nous donnez envie de tout incendier, au moins pour faire fondre vos liens et vous redonner à vos langues leur aspect délié.  

 

Pour contrer toutes les injustices d’un monde apeuré, effrayé par la moindre utilisation de liberté, nous pratiquerons. Avec vous, en vous, pour vous. 


Nous pratiquerons le spectacle de nos chants évadés. 


Nous ferons l’incendie de nos fondations en ruines, de la censure des phrases mal-aimées, et dans le brasier, nos mots ignifuges, brilleront des étincelles les plus libres.


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