Noël

 







Noël est aux soins intensifs à bout de souffle le cœur en arythmie

des fils des tubes le ranimer lui redonner l’espérance de Noëls futurs  


les souvenirs demeurent 

parfumés d’un soupçon d’amertume de sucre brûlé  

porcelaine argenterie cristaux le grand service mijote sur les fourneaux

chandelles dégoulinantes senteur de sucre d’orge de menthe poivrée

repas de fête ancien léger comme un gâteau des anges

chaleureux comme le bouillon fumant dans la vaisselle décorée  

flottent dans l’air les effluves chocolatées des desserts de papy-mamie 

une cacophonie de voix aiguës pour trinquer au bonheur des fêtes accompagnée de musique cristalline des verres réunis

des étincelles de lumière dans les yeux des gourmands


la crèche pyramidale allemande tourne à nous donner le vertige

les santons de Provence ne bougent pas figés dans la glaise des traditions


la cuisine est fermée les accords parfaits d’un menu festif  annulés

la réunion de partage attendra au congélateur 

dinde    saumon fumé    foie gras    bûche glacée réduits au silence

le menu passé à la moulinette   un rituel de gastronomie fine tombé en disgrâce 

la mémoire    ornée d’étoiles à la meringue   dérive avec les îles  flottantes    sur un océan de crème vanillée 

Le cœur barbouillé de tristesse, je ravale mes larmes. Seule devant la tôle à biscuits, je découpe un à un les biscuits que des petites mains malhabiles s’empressaient de façonner. La même recette que leur père avant eux préparait. 

Les garçons retroussaient leurs manches avant de se retrouver saupoudrés de farine de la tête aux pieds. Ils mesuraient les ingrédients, pinçaient la pâte pour s'assurer de son bon goût, choisissaient un emporte-pièce. Dès que les étoiles et les sapins sortaient du four, Émile et Antoine savouraient Noël avant le temps et croquaient dans les biscuit encore tièdes. Leur sourire démontait la réussite de l'entreprise.

Aujourd'hui, un temps d’oubli orne le sapin discret.

Mais que serait Noël sans notre rituel ?


Le cœur barbouillé de tristesse, je ravale mes larmes. Seule devant la tôle à biscuits...

Commentaires

  1. Vraiment beau! J'adore quand tu écris ainsi, sous forme poétique. Au risque de me répéter... :)

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