Lettre à M. Dawit Isaak,
Une lettre parmi tant d’autres. Une, mais une de plus. Parce qu’il est important pour moi de propager ce manque de respect qu’on certains états pour la liberté de parole. En 2001, vous avez joint votre voix au groupe du G15. Ce groupe de onze journalistes indépendants a osé émettre une opinion qui n’a pas plu au gouvernement de votre pays.
On vous a alors, tout comme vos collègues, jetés en prison prétextant que vous vous êtes montré déloyal envers votre nation. Ensuite, on vous a torturé et incarcéré dans des conditions inhumaines. Depuis 2005, nous sommes sans nouvelles de vous. Quinze ans d’un lourd silence. Mais sachez M.Isaak que plusieurs organismes vous soutiennent : L’UNESCO et le PEN sont les deux principales. Ces institutions internationales militent depuis plusieurs années pour exiger votre libération. Elles publient sur leur site internet des informations au sujet de votre détention injustifiée.
En 2011, on vous a remis le prix de La plume d’or de la liberté, un prix qui honore les journalistes qui au nom de la liberté de presse ont pris des risques, ont été incarcérés ou encore ont été tués. De plus, en 2017 vous avez été lauréat du prix mondial de la liberté du journalisme, un prix décerné chaque année par l’UNESCO. Une page sur le site d’Amnistie internationale documente votre parcours et cette bien triste histoire. Vous êtes un modèle de liberté et de courage.
Entre-temps, votre fille, Betlehem Issak prend la parole régulièrement pour dénoncer le traitement qu’un gouvernement autoritaire vous fait subir, bafouant de façon éhontée les droits de l’homme inscrit dans la convention de Genève.Homme érudit que vous êtes, vous avez su léguer à vos enfants ces passions que sont, la connaissance, la culture et la fierté. Votre frère cadet, Esayas, se souvient de vos douces paroles au sujet de votre pays, l’Érythrée, de l’importance que vous accordiez à ce qu’il conserve sa langue, sa culture. Vous lui aviez dit : « N’oublie pas ta langue, ton pays, tes racines. » Il craint que l’on vous oublie et parfois doute que ces efforts soient en vain, mais l’espoir revient et au fond de lui il croit qu’un jour vous serez libéré.
Sincèrement, je vous le souhaite.
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