Apprenti pâtissier

 


— Je vais sortir les « angrédiants ».

            — Ok, prends la farine.

            Son petit corps traine tant bien que mal le gros contenant de plastique jusqu’à la table. Beaucoup trop lourd pour lui, mais il semble si heureux de m’aider que je le laisse faire.

            — Des « pipites » de chocolat, Maman ?

            Il est déjà en train d’empoigner le gros bocal en verre. Je vois la catastrophe arriver de loin.

            — Non, non, on n’en a pas besoin. Laisse ça là. Sors la mélasse à la place. Tu sais c’est quoi de la mélasse ?

            Devant son regard interrogateur, je lui montre la boite en carton collante et lui demande de l’apporter. Immédiatement après, il se précipite dans le frigo et se met sur la pointe des pieds pour attraper les œufs. En trois enjambées, je suis à ses côtés et j’évite l’omelette crue sur le plancher.

            — Ok mon amour, va sur ta chaise, on va préparer la pâte.

D’abord, je fais ramollir le beurre au four à micro-ondes. Il trépigne sur sa chaise, vingt secondes, c’est long. Je reviens vers la table, il me sourit de toutes ses dents avec le gros bol en guise de chapeau :

            — Regarde, Maman, je suis un pompier !

            Je souris et lui enlève le bol de la tête en lui faisant un gros bisou dans le cou qui le fait éclater de rire.

            — Bon ! Tu es prêt, mon petit pompier ? On va mélanger le beurre avec la mélasse.

            Il tient la tasse à mesurer au-dessus du bol pendant que je verse la mélasse dedans. Il tire la langue :

            — Beurk, c’est dégueu.

            — Tu veux gouter ?

            Je fais couler un peu du liquide gluant sur mon petit doigt et lui fais lécher. Il fait la grimace :

            — Miam, c’est bon !

            — Tu es sûr ? T’as pas vu la tête que tu fais !

Le mélange est crémeux, ça sent le beurre et le sucre, cette odeur me ramène à mon enfance et je plongerais dedans si je pouvais.

— Tu m’aides à casser les œufs ?

— Non, trop difficile, me répond-il en faisant la baboune, c’est toi qui fais.

Je m’exécute. On ajoute ensuite les épices. Gingembre, cannelle, clou de girofle.

— Je veux gouter, Maman ! dit-il en plongeant son doigt directement dans la poudre brune qui pique le nez.

— Hum, mauvaise idée, je réponds en nettoyant sa petite main.

— On met la farine?

— Allons-y. Trois tasses. C’est toi qui mesure?

Il plonge la mesure dans la poudre blanche qui s’envole en peu partout autour de nous, sous l’effet de son enthousiasme débordant. Il mélange pendant quelques secondes mais son petit bras manque de force. Je finis le travail.

On étale la pâte qu’on découpe en formes de bonhommes et de sapins avec les moules en plastique. Il en profite pour prendre quelques bouchées de pâte crue. C’est sa partie préférée.

Les biscuits en pain d’épices sont dans le four, je peux enfin souffler. Mais pas pour longtemps, le glaçage collant et coloré nous attend.

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