Cher monsieur
Je suis une étudiante qui
habite au Canada. Par le biais d’un cours à l’Université, j’ai pris connaissance
de votre fâcheuse situation. Je suis sincèrement outrée de vous savoir en détention
depuis le 11 septembre 2019. Comment peut-on être emprisonné pour avoir
effectué son travail de journaliste ? Comment peut-on vous maintenir dans des
conditions exécrables alors que vous vous êtes simplement exprimé ? Je voudrais
vous aider et taire mon sentiment d’impuissance. Que puis-je faire de plus pour
que les choses évoluent ? Je peux écrire au gouvernement cubain et à son
ministre de la Justice, mais est-ce que ces lettres ont de l’impact selon vous?
J’aimerais croire que la force du groupe pourra les influencer. Honnêtement,
j’ai souvent l’impression que ces combats sont dignes de David contre Goliath. Je
vous trouve courageux de sacrifier vos années de vie pour défendre la liberté
d’expression. Vous avez toute ma considération.
Naïvement, j’ai longtemps
pensé que le gouvernement cubain possédait que de bons côtés. Il rétablissait
les inégalités sociales, il se montrait équitable envers son peuple. Or,
j’avais tort. Je ne comprenais pas à quel point il étouffait et contrôlait la
population.
Chaque humain devrait avoir le
droit de s’exprimer librement s’il ne nuit pas à son prochain. Chaque citoyen
devrait avoir la possibilité de débattre ouvertement dans l’espace public. Évidemment,
je parle d’un débat d’idées ici. Un gouvernement qui censure est un gouvernement petit.
Comment peut-on empêcher son peuple de voyager, de lire certains ouvrages ou de
naviguer sur internet ? Voilà qui en dit long sur la pauvreté de leurs
arguments. Ils dirigent par la peur. Par la manipulation.
Au Canada, je peux utiliser
mon droit à la liberté d’expression et d’opinion. Malheureusement, la société
se porte peu à la défense des cas comme le vôtre. Pourquoi ? Je ne sais pas… peut-être
parce qu’on se sent loin de cette réalité. Sûrement parce qu’on ne subit pas ce
type d’injustice. Les Canadiens sont capables de se révolter, mais se fâchent-ils
pour les bonnes raisons ? Sommes-nous égoïstes ? Nous réagissons souvent quand
notre petit confort se trouve menacé. L’humain est parfois désolant et centré sur lui-même, je
le concède.
Je vous encourage à continuer
votre combat. Certaines journées doivent vous paraitre ardues. Le défi doit être
de conserver le moral, malgré les conditions de détention lamentables,
l’absence de visite et l’interdiction d’écrire. Je comprends que votre lutte
dépasse votre cause personnelle et c’est tout à votre honneur. Vous vous battez
pour l’avancement des droits à l’expression, à l’opinion. Jamais, ils ne réussiront
à vous réduire au silence.
Avec tout mon respect,
Annie Lehoux
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