Chaleur rayonnante de juillet.
Sur le mur, une écriture soignée. Tes mots simples ont attiré mon attention et sans effort, je les ai retenus. Ta colère s'étalait en lettres blanches. Un cri du cœur.
Dans le calme de ma chambre, sur une feuille immaculée, je t'ai répondu. Je devais te dire d'espérer.
ta voix muette crie à tue-tête des paroles d'affranchissement
incrustées dans le silence d'un mur de brique
une explosion de caractères à l'unisson avide de liberté
nargue le passant avec arrogance
comme une bouteille à la mer
portée par les eaux du grand fleuve serein
les paroles fuient la rumeur de la ville anesthésiée par l’ignorance des lendemains
le fleuve profondément humain dans sa démesure
bercera les douleurs les précipitera dans l’oubli
accompagnera la désespérance des cœurs vers un univers en devenir
la mer engloutira avec compréhension des empreintes de souffrance
l'avenir s’éclaircira
dans l’évanouissement du temps
je veux croire qu’il restera seulement
Un fleuve de rage
dans une mer d’espoir
Tiédeur d'octobre.
Sur le mur, tes mots demeurent, décolorés par le soleil d'été. Le temps les a vieillis d'une teinte d'oubli et ils affrontent avec dignité le vent et les orages. Subiront-ils le même sort que les tracés bleus, estompés par l'érosion des jours, qui transparaissent sous ton message?
Toi qui as lancé ta plainte sur le mur, as-tu laissé les saisons effacer ton exaspération? As-tu trouvé un chemin pour éclairer ta quête?
En mai 68, dans un Paris enflammé par la contestation étudiante, les graffitis n'étaient pas nombreux mais les banderoles déployées au vent laissaient s'envoler des idées pour un avenir meilleur. Les manifestants scandaient le slogan extrémiste il est interdit d'interdire, tous leurs espoirs devenaient possibles.
Moi aussi je criais ma révolte. Moi aussi, je voulais être entendue. Rage et espoir se faisaient la lutte dans mon esprit. Ils ont rejoint la mer.
Puis le temps s'est égrainé dans la routine des habitudes.
Une fois de plus, j'aimerais te répondre. Te redire d'espérer.
Je souhaite que mes mots te rejoignent, te révèlent la douceur de mes pensées. Alors que tu t'exprimes dans l'obscurité bienveillante de la nuit, je brise le silence confortable de ma chambre. Je te parle encore. Une nuit, qui sait, peut-être, aurai-je le courage d'écrire ma réponse sous ton message.
Fais confiance au fleuve et à la mer
L'un et l'autre s'unissent pour ne former qu'un
Dans leurs eaux entremêlées où rage et espoir se côtoient
Un avenir naîtra
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