Je me sens volée. Je n’ai plus aucune attache avec cet objet me servant de corps. Je vois mon salon de haut. Je vois ma forme biologique, les yeux fermées, les jambes sur le grand pouf bleue, à moitié endormi. Mon chat, Pié, est à côté, en train lui aussi de sommeiller sur son arbre. Je voyage, dans l’appartement, et observe Olivier, mon copain sur son ordinateur. Je m’envole.
Au-delà de mon immeuble, de la ville, des nuages, mon esprit vagabonde tranquillement. Je passe par-dessus cette atmosphère triste pour me retrouver dans une paix. Le ciel est rougeâtre, les nuages sont roses barbe-à-papa. Je virevolte, à travers ses nombreuses couches rose, et aperçoit une silhouette au loin.
Je me rapproche tranquillement. Je ne vois pas son visage, mais sait déjà qui c’est. Ma nonna. Jeune, elle n’a plus ses grandes lunettes lui barrant le visage et n’est plus assise sur son vieux fauteuil bleu. Elle est debout, en santé, devant moi. Elle me parle. Je ne l’entends pas, je n’ai entendu que sa voix bébé. Elle m’embrasse le front, et me prend légèrement dans ses bras. Des larmes coulent, que ce soit pour elle, que pour moi. Elle me relâche, on se regarde.
Le moment change. Je ne suis plus dans les nuages. Je suis jeune femme dans mon corps de petite fille de cinq ans. Je suis dans sa cuisine. Nonna est là. Elle n’est pas comme je l’ai connue dans la réalité. Elle se tient debout facilement et peut parler. Elle m’apprend à cuisiner. Quelques secondes après, nonno se présente. Il est comme sur les photos. Je ne l’ai jamais rencontré. Il me prend dans ses bras, on rit. Je suis bien.
Un souvenir d’une autre vie.
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