« Tandis que les forêts se changent en hologramme. »




 

je ne vois plus
mais j’imagine tout
je n’espère rien de moi
je me gave de devinettes à assembler
remède d’aboiements
vers les sols noirs
les feuilles des arbres sont des fils d’argent qui tournoient l’automne
relâchant l’authenticité des mouvements
 
j’ai des éclipses solaires
mon visage
mes yeux
le jour
emmagasinent les néons
pour les recracher à la lune
pendant la nuit permanente
elle s’en nourrit
oisillon luminescent                                    à la dérive
 
tandis que les étincelles flottent
les nuages
le rythme des paréidolies nous captive
la couleur rose incommode
chaque matin
la couleur rose nous assomme tous
elle nous peint une vie plane
 
là où l’aridité disparaît 
le feu ne brûle plus
là où l’eau écarte la soif
les puits se creusent
 
une couleur pour renfermer nos désirs réels
une couleur pour contrôler nos nécessités
 
j’escalade mon corps
de ma gorge à ma langue
le rose
je me régurgite
je gicle tout autour de moi
rien ne disparaît
 
les hologrammes multiplient les constellés
une journée à la fois
je lance des traits de plombs dans le vent
une journée à la fois
j’espère
couper la couleur rose
la diviser
l’affaiblir
il me semble irréel d’affectionner une couleur au regard si trouble
les gens ne s’assoient plus le jour
tous debout vers le ciel
immobiles
jusqu’à l’appel vertigineux des mouettes
ils s’en retournent
à pas lents
vers la surdité
le rose
les cris des os
 
les animaux se déguisent
camouflages
verdures nuancées
sans érafler les troncs
je roule mon corps au pied des arbres
je redirige les coupes à blanc vers le ciel
le rose
j’aime disparaitre entre les fougères
elles se deviennent inconforts-émiettés
 
la poussière dispersée ne surprend jamais l’œil
ainsi, je perçois les vides réels
les vides
enfoncés dans la chair
souvent, sous la rétine
l’essoufflement cabriole
je ne le retiens pas
sous les craquements des feuilles désinvoltes
guerrières parfumées
 
je culbute sur une pierre
me fracasse le crâne
m’éparpille

je m’hologramme 

 

« Tandis que les forêts se changent en hologramme. » : Graffiti de Élie Dubois-Sénéchal 

 

Commentaires