Orange et Brun
— Orange ! Elle
nous a mis dehors. Ça veut dire quoi ? Que
sont ces cheveux verts sur quoi nous sommes déposés ? Il
fait froid Orange. Nous a-t-elle abandonnés ? C’est
donc ainsi ? C’est donc ça la fin ? Nous
voilà mourants Orange ! NOUS MOURRONS !
DIS QUELQUE CHOSE !
— Mon
cœur est léger Brun. Admire… c’est une félicité cet air, regarde autour de nous
comment tout est bellissime. Laisse ta voix ouvrir des anémones Brun.
Détends-toi. Cherche à percevoir les passants, étudie la vie qui s’offre à
nous. N’as-tu pas remarqué que dans les regards des piétons qui nous mirent, se
trouve le firmament nouveau pour la lampe de chacun ?
— Jamais ! Griffes
de chats sauvages s’ouvriront. Pattes de chiens se lèveront sur nous. Ouvre tes
yeux Orange, c’est une malédiction !
Il est déjà trop tard ! Nous sommes laissés pour
morts. Nous sommes couverts de cendres. Voilà tout !
— Anémones
Brun, anémones. Ne nous avoir jamais sortis et tu n’aurais jamais pu dire
combien beaux sont ces vaisseaux volants au-dessus de nos têtes qui nous
saupoudrent blanc de leurs baisers agréables. Friandises et sucreries. Sucre en
poudre de la liberté délectable ! Savoure !
Goûte ! Goûte
au croissant de la lune dans le ciel et pour l’amour du silence, tais tes
lamentations qui font fuir mes jolis oiseaux vers le brouillard de tout temps.
— Oiseaux,
oiseaux… je me lamente si je veux. L’oiseau de mon silence ne juchera
jamais auprès d’eux! Tes bourrelets orange d’accoudoir te montent à la tête ! Passants,
passants, venez l’aider, il souffre !
Écrasez-le de votre poids. Il est si gelé, si léger qu’il vole ! Ô Orange, ce froid-flocon aveugle le
tissu de ta raison. Ressaisis-toi !
— Ah,
mais les piétons, je les invite ! : VENEZ TOUS ! Venez
avec vos sandales fermées sur ce gazon-recueil de feuilles mourantes. Venez
manipuler mon espace personnel ! Je suis sans bulle, je suis
à vous, tout à vous ! Venez gens accueillis ! Vous
qui marchez là-bas, vous qui déambulez passionnément dans les rues à la
recherche de l’étrange comme le devoir d’un créateur. Venez, adressez-nous un
regard !
Nous n’avons pas vu le soleil depuis des décennies !
Nous avons tant à dire !
— Orange ! Tu
parles leur langage, ton vœu s’exauce on dirait… on dirait qu’il approche.
— Regarde
ses mains-lentille. C’est un photographe ! Nous serons célèbres !
Notre gloire commence ici ! Orange et Brun
sera notre titre, notre figure dans ce monde !
Nous serons remémorés, reconnus ! Photographe approchez ! Prenez-nous
en photo, nous qui sommes déchainés pour toujours !
Faites-nous voyager vers d’autres temps et d’autres espaces, faites-nous une
entrée dans le monde binaire ! Faites-nous vivre un
instant de beauté ! Ah ! Faites-nous
vivre !
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