Ce graffiti n’est plus comme il était. Je l’avais remarqué pour la première fois il y a deux ans, en déménageant dans l’appartement en face. J’étais tombé en amour avec le faubourg Saint-Jean-Baptiste dès mon arrivée. Un sentiment d’aventure m’habitait, enfin du nouveau dans ma propre ville natale. J’avais l’impression que le monde s’ouvrait à moi et que tout allait être possible dans ce quartier. Je revenais d’un voyage en Colombie-Britannique. J’avais une rage de vivre insatiable, des valises remplies de vieux linge sale et un bagage sentimental qui avait fleuri tout le long de l’été.
Tu ne veux pas de moi.
C’était le graffiti devant mon appartement de l’époque, que je voyais à tous les jours. Je ne le trouvais pas particulièrement touchant, mais le désespoir que celui-ci transpirait me charmait toujours. Cet automne-là, j’étais en amour avec deux personnes en même temps, dont une Montréalaise que j’avais rencontrée en voyage. Finalement, la première saison dans le quartier s’était avérée compliquée et douloureuse. C’est en déambulant dans mon ancienne rue, deux automnes plus tard, que j’ai pris un instant avec le graffiti, qui avait changé lui aussi.
Tu ne veux peux pas de moi.
Le désir a été barré par le possible. Ce n’est pas parce que l’on veut que l’on peut. J’ai donc pensé à cette amoureuse de voyage qui vit encore à Montréal, avec qui je n’ai jamais pu bâtir de véritable relation, par raisons logistiques. Le pouvoir a souillé la volonté.
Ce n’est pas parce que l’on peut que l’on veut. J’ai repensé à cette fréquentation rencontrée au cégep, qui habitait tout près de cet appartement. Le désir était unidirectionnel comme les trois rues à sens unique qui nous séparaient. Relation qui a terminé son chemin dans un cul-de-sac à la fin du même automne.
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