UNE PIERRE COMME LARME

           




            À l’aube, Jacob déambule dans son quartier. Son bouillon d’air matinal lui donne l’entrain nécessaire pour mettre sa journée en branle. Toujours, la même route se dessine pour lui. La rue de son enfance. Un salut à la maison familiale. Une pensée pour son père et sa mère qui y habiteront jusqu’à la fin de leurs jours. Vigile silencieuse au détour de la nuit. 

             Au rythme de petites foulées, une grande paix l’habite. La ville commence à peine à vouloir émettre quelques bruits. Son besoin de recueillement se joue ici, aux prémices du jour levant. 

             Tous les matins, il se dirige vers le vieux cimetière juif. Celui de ses ancêtres et le sien dans quelques années. C’est là qu’il va dire le char’harith. Sa prière du matin. Devant des stèles vandalisées, devant des tombeaux saccagés, sa foi ne s’écorche pas. Plus fort et plus senti qu’ailleurs, ce lieu est le sien. De jour en jour, il vient saluer ceux qui ont tracé le chemin avant lui. 

              À chacune de ses visites, il dépose une pierre sur le monument. Dans la tradition juive, les fleurs sont pour les joies et les pierres pour les peines.

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