Votre liberté pour la notre

Québec, le 10 novembre 2020

 

Chère Christine, Chère Agnès, Cher Térence, Cher Égide,

 

        Je prends aujourd’hui la plume, disons plutôt le clavier, pour saluer votre dévotion à l’égard de votre profession. Votre pays, le Burundi a vécu de grands tourments tout au long de son existence. Les cent dernières années ont été parsemées de tellement d’embûches. Guerre, conflits, massacres et encore à ce jour, malheureusement, vous êtes toujours en crise politique. Est-ce que votre peuple trouvera la paix et la liberté dans un avenir prochain? Je vous le souhaite.

 

          Le 22 octobre 2019, vous-mêmes avez perdu votre liberté et l’on vous a condamné pour « intelligence avec l’ennemi ». Un bien grand terme. Une sentence que l’on étire à volonté et surtout que l’on veut définir à sa guise. On a fondé votre culpabilité en s’appliquant à démontrer une blague faite entre vous sur WhatsApp. Un simple « Allons soutenir les rebelles » ne semble pas à propos dans votre pays. Comme un simple, « J’ai une bombe dans mes bagages » ne fait rire personne dans les aéroports et sème la méfiance dans le mien.

 

        C’est en vous adressant ces mots que je réalise la vaste liberté dont on jouit dans nos contrées. Je regarde nos jeunes adultes tellement articulés. Qui prennent position. Qui sont renseigné sur tellement de sujets que j’ai de la peine pour ma propre jeunesse qui a été vide et insipide. Nous n’avions pas le quart de détermination que la génération, qui nous succède, déploie. Nous passions notre chemin tout doucement. Eux par contre, nomment, imposent et assument leur vision.

 

    Pour les jeunes d’aujourd’hui, la liberté se présente de bien des façons.

     

    - Droit à l’éducation: un outil pour un monde en constante évolution de connaissance.

 

    - Droit au vote : la voix de chacun à sa place dans la balance et ils l’appliquent.

     

    - Droit à l’avortement : toute femme peut décider en toute lucidité si l’enjeu de la maternité est réalisable pour elle.

     

    - Droit à l’équité pour le même travail : homme et femme se doivent d’être rémunérés à l’identique.

 

    - Libres de choisir sa religion : De croire en ce qui les font le plus vibrer.

     

    - Libres d’aimer sans contraintes : ils ont le droit de choisir celui ou celle qui leur convient tous sexes confondus.

 

    - Libre de dire non à l’autre lorsqu’il y a abus ou non-consentement : car ils s’appartiennent d’abord et avant tout.

 

    - Libre de choisir et de nommer leur genre.

 

       Le spectre est vaste. Je crains que votre réalité et la nôtre ne soient pas au même diapason. Vos droits et libertés semblent plus bafouillés que chez nous. Cela me désole. La liberté ne se présentera jamais au même niveau pour le monde entier.

 

        Deux mille ans plus tard, une certaine tour de Babel existe encore. Babel de l'intelligence avec l'ennemi. 

 

       Il y a un an, une phrase a été sortie de son contexte pour vous accuser injustement. Le tout arrangeait fort probablement certains. La liberté des uns commence où s'arrête celle des autres. 

 

Une inconnue ayant soif de liberté et d'équité.