Cher monsieur Quiñones




 


Québec, le 11 novembre 2020




Cher monsieur Quiñones,


Vous venez enfin de sortir de prison et je tiens à vous souhaiter un bon retour à votre vie d'homme engagé dans la société cubaine. Il est heureux que l'injustice que vous avez vécue se termine après 365 jours volés à votre vie normale.

Je suis bouleversée de voir que la censure, le contrôle du droit de penser vous ont privé de vos droits et de votre liberté. Pourtant, en tant que journaliste, vous présentez les faits de façon neutre, en suivant le code d'éthique de votre profession. Alors pourquoi cette arrestation ?

Comment admettre que le gouvernement cubain soit le détenteur exclusif de la vérité et l'impose par la contrainte, la surveillance et l'emprisonnement ? Votre détention arbitraire n'aurait jamais dû se produire. Vous n'aviez commis aucune action criminelle. 

Votre âge, votre état de santé ou la Covid n'ont pu atténuer la sentence que vous avez reçue. La Prisión Provincial de Guantánamo vous a retenu une année complète. Réellement, je ne comprends pas ce manque d'humanisme. 


Avec tristesse, je me résous à comprendre que Cuba s'arroge la légitimité de se positionner au-dessus de la Déclaration des droits de l'homme, adoptée par les Nations Unies en 1948. Votre pays était membre de cet organisme international depuis 1945 et avait pourtant signé la Déclaration! Les incohérences adoptées par des régimes totalitaires me troublent et me questionnent. À mes yeux Cuba fait partie de ces  pays réfractaires qui désavouent leur propre signature. 


Là où j'habite, chacun peut dire ce qu'il pense s'il ne nuit pas à autrui. À lire les événements qui entourent votre inculpation, je me sens privilégiée de vivre dans ce pays libre. Un droit acquis dont je ne pourrais me passer. Ce droit est tellement ancré dans mon esprit que j'en oublie parfois qu'il m'octroie un réel privilège. 

Vous écrire en ce 11 novembre, jour du souvenir, vous démontrera peut-être ma naïveté. Je veux continuer d'espérer des jours meilleurs pour vous et je veux croire au retour de la démocratie dans votre pays.

 

Il est temps de reprendre le cours de votre vie, pour votre bien et le bien de ceux qui vous entourent. 

Je suis heureuse de vous savoir de retour chez vous et vous souhaite des jours libres, des jours heureux à Cuba, sur votre terre natale. 


Dalia Pena Perron

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