Titre[1]
Vous êtes un écrivain,
Entre tous les campaniles les forêts les gratte-ciels les sanctuaires les tuiles entremêlées
les rayons les vitraux les
trajectoires éphémères et celles répétées
Un cercle avance un livre s’ouvre un volcan jaillit une tache colorée grossit
et le bruit de la musique fuse et
le bruit de la musique vous fait glisser sur un visage
La face du monde change à petites
envolées
Un livre un seul livre
Des formes
Un kaléidoscope ininterrompu
Comprendre le reflet de votre tête
Réflexion infinie d’une peau
Qui s’amincit
Prélude en e mineur et une note se
transforme en un homme
pendant que l’homme vogue vers les
silences autres
Il plane sur les paysages
Il les casse en animaux colorés
en une marche
de la base au sommet du mont
Everest
de la base au sommet de la flore
utopienne
de la base au sommet
La multiplication des songes
Les rêves n’abandonnent jamais
Une natation aérienne agite la
guerre des nombres
Une liste
Un champ libéré
L’organique déploie sa douceur
Un contact et le verre s’étale
Un contact et les fleurs traversent
la digue
Et le corps replonge dans un bassin d’eau
pendant que les yeux se noircissent d’une pupille beaucoup trop
grande pour tolérer le soleil
Du sable sous la rétine
Sur votre corps
espace élargi d’une histoire
tous les tiroirs s’ouvrent
rangements ardus
le poids des langages
En ouvrir un à la fois pour ne pas
être renversé vers l’avant
De cette échelle qui monte sur
votre épaule droite
Vous échappez vers les nuages
mais toujours revenez pour
rattraper les pièces qui s’envolent
Toujours calmez le feu qui
s’enrage contre l’air
Le feu qui s’effraie devant l’eau
Incendiez le clic du cadran
Pour ne pas perdre ce temps
Ce temps sous l’eau
L’apnée
L’immensité des océans
Le chant des baleines les caresses
du varech
Mes
mots ne dessinent que quelques pas entre nous
Entre
la Turquie et le Québec
Entre
vos 70 ans et mes 30 ans
deux
existences humaines
un
flottement
des
saisons en floraison
des
saisons endeuillées
des
secondes qui illustrent les merveilles
Pendant
que l’air déploie les fleuves
Pendant
que vos pieds se cramponnent
maintenant
les
sensations se transvasent dans tout votre être
l’évasion
fragile des mots
vous êtes un magicien [2]
[1] DESMEULES,
Christian. Journal Le Devoir : La grande évasion par la plume d'Ahmet
Altan, 25 novembre 2019. URL
: https://www.ledevoir.com/lire/567724/ahmet-altan-la-grande-evasion
[2]
THOLANCE, Eva-Luna. Journal Libération : Turquie : Ahmet Altan, la
prison malgré la décision de fin de l'incarcération. 26 novembre 2019. URL
: https://www.liberation.fr/planete/2019/12/26/turquie-ahmet-altan-la-prison-malgre-la-decision-de-fin-de-l-incarceration_1771100
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