Se gargariser de toi

 

Se gargariser de toi

 

« C'est le dessert que sert l'abominable homme des neiges à l'abominable enfant teenage, un amour de dessert : Banana na na na na banana split ».

On dirait un jingle poche de crèmerie. Ça me rappelle nous. Ça me rappelle le moment où je suis partie. Mon cœur crème glacé pris dans une tempête de sable. Fendu. Fondu. Pis monté en neige, encore, après m’être écaillée devant un autre sexe amer que j’évide par peur de pu jamais rien sentir. Je me farcis la fraise de gars-niture pas mangeable. Des hommes-jello trop mous pour me faire mal. Je m’infuse des idées de femme libre de sa chair, mais la vérité, c’est qu’on m’a trop monté la poire contre l’amour qui se mange bleu.

J’émince mes désirs, j’épépine toutes les envies que tu me caramélisais avec tes criss de Je t’aime. J’emporte-pièce tes regards, malgré moi. Je les cherche dans d’autres yeux. Je m’envoie des grenades dans le fond de la gorge, ça donne un goût sucré à mes tripes avant qu’elles explosent. Mon estomac propre.

Je fais tout pour, mais je mé lasse pas de tes douceurs. De ton odeur chaude, de ta voix salée. Ça me manque la saveur de ton rire que j’attisais avec mes blagues crues. Ça me manque nos torréfactions à nue, nos allongés serrés tout le matin. Ça me manque qu’on s’épluche en s’enfargeant dans nos pelures, parce qu’on a pas la grâce des acteurs porno. Carambolage aigre-doux d’un jeudi soir. Ça me manque qu’on s’émulsionne direct sur le comptoir, notre manière à nous de mettre la table. Ça me manque qu’on macère dans nos délires. Se pétrir la patte qui gigote pour aplatir les angoisses.

Oui. C’est vrai que tout ça me manque. Mais je m’ennuie pas de ton haleine de rhum, tous les matins, à 5h. Je m’ennuie pas de toi qui rentres pas ou de ton corps badigeonné de vomis dans la salle de bain. Je m’ennuie pas de me barder le cœur de glace, pour pas qu’il tombe dans mes chaussettes. Je m’ennuie pas de mon nez bourré de moutarde. Je m’ennuie pas de me sentir fade ou trop piquante. Je m’ennuie pas du sang de mes joues entre mes dents qui retiennent une pluie acide. Je m’ennuie pas de mon cerveau que le manque de sommeil a changé en marmelade. Un coulis vermeil inconsommable. Je. Ne. M’ennuie. Pas. Ok?