Ah ! L’Italie !
À
l’aéroport Jean-Lesage, j’attends impatiemment mon vol vers Paris. Je tape du
pied, tout en observant les voyageurs de l'aire d'attente de la porte d'embarquement numéro 32. Un couple âgé
prend place à ma gauche, tendre et amoureux. Une femme, assise en face de moi,
lève les yeux de son livre et m’adresse un large sourire. Son visage me
rappelle une amie chère. À nouveau concentrée, la femme semble dévorer un roman
dont je ne peux déchiffrer le titre. Au passage, je remarque ses grands yeux
bruns, curieux. J’aimerais entreprendre une conversation, mais nos regards ne
se croisent plus.
Je me permets de détailler la
demoiselle à ma guise, puisque le risque qu’elle me surprenne est minime. Vêtue
d’un jeans et d’un t-shirt
noir, elle dégage pourtant un style excentrique, bien à elle. Est-ce dû à son
piercing décorant le coin droit de sa lèvre inférieure ? Ou à sa tasse de voyage à l’effigie
de Jack Skellington ? Cette femme semble posséder plusieurs champs d’intérêt. Elle passe une main dans sa longue chevelure. Ses mèches
cuivrées me rappellent que je dois prendre un rendez-vous chez le coiffeur, dès mon
retour. Je note également une bague à son annulaire gauche, ce qui me laisse
croire qu’elle vit en couple. Pourquoi voyage-t-elle seule ? Regagne-t-elle la
maison ? En amour, je l’imagine tout entière. Une passionnée, une fille qui n’accomplit
rien à moitié.
On appelle une personne à l’interphone et voilà qu’elle se dirige vers le comptoir d’embarquement. Paola Oliveri : un nom plutôt rare. Mon intérêt s’accroit et je me questionne sur l’origine de ce patronyme. Après une recherche rapide, j’apprends que ce nom semble très répandu en Italie. Oh la chanceuse ! J’ai eu l’occasion de découvrir ce magnifique pays en 2002.
Alors qu’elle revient à son siège,
elle range son passeport canadien dans sa sacoche. Paola va sûrement visiter de
la famille. J’imagine son copain, débordé au travail, qui ne pouvait
l’accompagner pour ce voyage. Depuis combien d’années demeure-t-elle au Québec ?
Qu’est-ce qui l’a amené, elle ou un parent, à quitter son pays natal ? Intéressée
par l’être humain et ses comportements, j’essaie d’analyser sa situation, mais
j’ai peu d’informations à ma portée. J’aime penser que sa mère a immigré ici,
il y a une trentaine d’années, pour vivre une grande aventure.
Dans plusieurs heures, elle retrouvera son père, en Sicile, et lui sautera dans les bras. Celui-ci l’attendra à l’aéroport avec un plant d’orchidées, ses fleurs préférées. Ils iront directement à la maison et bavarderont devant une bonne bouteille de Limoncello.
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