La magie de foncer
J’imagine la scène comme si nous étions assis dans une gare de train, et
curieusement, elle semble passionnée de ce lieu qui éveilla jadis son intérêt
pour la littérature. Enfant, des romans fantastiques lui tombèrent entre les
mains, et depuis elle rêve de foncer à toute vitesse dans le mur de brique de
cette gare et transiter vers la plateforme 9 ¾, à la découverte de la magie qui
possède son âme.
Originaire d’un milieu calme et isolé des brouhahas de la ville, son
excitation en vue de sa renaissance dans le grand monde illumine son visage, et
ses pensées rêveuses la poussent à sourire inconsciemment, indifférente aux
milliers de passants qui la dévisagent. Son rêve efface tout souci d’apparence
et conformité. Elle se lève et se lance vers un mur indestructible avec la foi
d’un rêve, un mur semeur de doute dans lequel tant s’écrasèrent, transformés en
adultes modèles, en bons citoyens, et oublièrent lâchement leur âme enfantine,
leur passion pure, la flamme qui fait bouillir le sang dans les veines. Mais
pas elle.
Audacieuse et indépendante, elle part toutefois à l’aventure accompagnée
de son gros pitou, son guide bienveillant lorsque les nuages de la fin
de session assombriront l’hiver déjà très obscur. Mais l’inconnu ne ralentit
pas sa course. Son entregent posera sur sa route plusieurs rencontres et occasions
qu’elle saura saisir et tourner en rires et heureux moments. Le mur ne
l’effraie pas.
Certains piétons sautent hors de son chemin, d’autres, elle bouscule sans
égard ; leurs opinions pessimistes ne prévalent pas sur ses aspirations. Son
sac-à-dos rempli de livres est une plume sur ses épaules ; ce qui la passionne
est léger. Son chien prend les devants et saute dans le mur, qui l’engouffre
tout rond, puis sa maîtresse disparait à son tour, laissant derrière eux qu’un
mur de brique ordinaire.
Attendez ! Son sac-à-dos ne traverse pas le mur. Ce n’est pas grave ;
tout son bagage, elle le trimbale partout, dans sa tête.
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