J’aimerais
me rappeler de ton odeur
celle
encore imprégnée aux couleurs de la maison
Un
arc-en-ciel insaisissable
C’est
froid, c’est chaud, j’ai un pincement au pied droit. Aïe!
Mes
narines s’activent à la recherche de mots, d’indices
Le
feu, de l’intérieur de mon nez
jusqu’à
ma gorge
Ça
ne sent pas sucré
ni
les fleurs
J’ai
changé d’avis
C’est
un peu sucré, comme l’eau d’érable
Ce
n’est pas ça, non
Amène-moi
ailleurs. Au pays des odeurs dont je me souviens
Je
suis dans les nombreuses maisons de mon enfance
celles
des familles reconstituées
réparées,
raccommodées
Les
fours s'activent
Tous
en même temps
375
degrés. 400 degrés.
La main sur le ventre
Ai-je
toujours été gourmande?
La
maison des femmes, des mères
Les
tapisseries, les fleurs
Ses
murmures
Ces
femmes fortes, sévères. Ces femmes douces, aimantent
Les
galettes blanches de ma mère
Les
Joe-Louis de ma belle-mère
La
tarte à la rhubarbe de ma grand-mère
Les
mille-feuilles de ma belle grand-mère
Où
étais-tu pendant tout ce temps?
Couchée
sur le divan dans le salon de mon père, j’ai cinq ans au plus
Ce
parfum mélancolique
tomaté
Anna,
ça va être prêt
Oui,
c’est ça.
Le
spaghetti de mon père
Nos
soupers lorsque nous étions seulement deux
Je
me souviens de la distance qui séparait ma chambre du garde-manger : 18 pas
T'auras
plus faim pour souper!
Les
petits gâteaux Vachon
un
roulé suisse, deux roulés suisses, trois roulés suisses…
Je
me sens faiblir
disparaître
Suis-je
toujours vivante?
Un
biscuit vite. Garde-manger. Deux, trois, quatre biscuits château
J’ai
mal
au
cœur
Je
n’ai plus la dent sucrée
plus
depuis que j’ai cessé de jouer
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